Commentaire sur l’Ecclésiaste. Chapitres 7:15-9:12

Cet article fait partie du dossier thématique Qohélet

Cet article propose un commentaire des chapitres 7:15-9:12 du livre de Qohélet / Ecclésiaste, de la main de Nicolas Merminod.

7:15–9:12. Relations entre la justice et la sagesse

Alors que la sagesse traditionnelle présente un lien nécessaire – voire une identité – entre justice et sagesse, Qo démonte ici complètement ce lien.

Comme pour les autres thématiques, il démontre que la sagesse traditionnelle ne repose sur aucune réalité et ne peut donc apporter qu’une sécurité illusoire. Un point à relever est que l’auteur va ici totalement à l’encontre de toute la tradition qui cherche à affirmer la réalité d’une justice immanente, d’un bénéfice direct de la justice.

Après avoir révélé toutes les sécurités matérielles sont illusoires, l’auteur fait apparaître la justice – à comprendre comme moralité – comme vaine, si bien qu’il ne reste plus aucune protection à l’humain. De tout ce que l’humain connaît et contrôle, rien ne peut lui garantir une quelconque assurance.

Qo 8:1-15 présente différentes affirmations de la sagesse traditionnelle qui sont reprises et discutées. L’auteur prend des idées connues – on pourrait parler de lieux communs – pour démontrer qu’elles sont inexactes, qu’elles ne correspondent pas à la réalité. Le principe de chacune des sections est le même : l’auteur reprend une affirmation et présente ce qu’il a pu observer sous le soleil et qui contredit cette affirmation. En clair, l’expérience de la condition humaine contredit la réalité de la sagesse traditionnelle qui apparaît alors comme vanité. En traitant ainsi la sagesse traditionnelle, l’auteur la dénonce comme une sécurité illusoire, au même titre que la richesse, le pouvoir, la famille nombreuse…

7:15-22. Juste mesure de la justice

L’auteur se place ici dans le rôle d’observateur : il présente ses considérations comme des simples constats de ce qu’il voit sous le soleil. Aussi, si la justice est vue positivement, elle ne doit pas être suivie à l’excès. En effet, l’auteur a observé que la justice de certains provoque leur perte alors que la malice d’autres leur permet de surmonter les difficultés rencontrées. L’auteur n’appelle pas ici à la désillusion, mais simplement au pragmatisme : la justice est pertinente « dans une certaine mesure », elle n’est pas un absolu et ne permet en aucun cas à l’individu de s’assurer une vie longue et agréable. Ici encore, l’auteur va encore à l’encontre de la sagesse traditionnelle en dénonçant la sécurité illusoire de celui qui voudrait obtenir une assurance grâce à sa justice personnelle.

15 Dans ma vaine existence, j’ai tout vu :
un juste qui se perd par sa justice,
un méchant qui survit par sa malice.
16 Ne sois pas juste à l’excès,
ne te fais pas trop sage ;
pourquoi te détruire ?
17 Ne fais pas trop le méchant
et ne deviens pas insensé ;
pourquoi mourir avant ton temps ?

Qo 7:15-17 Traduction Oecuménique de la Bible

La justice est importante, mais la vie de l’individu l’est encore davantage, raison pour laquelle la notion de juste mesure dans la justice est pertinente. Le pragmatisme est poussé plus loin : éviter l’excès de justice et de sagesse (v. 16), sans pour autant tomber dans la méchanceté ou la folie (v. 17) ; l’excès de justice peut conduire à la perte, et l’injustice aussi. Dès lors, le lecteur est appelé à éviter ces deux excès puisqu’aucun de ceux-ci ne peut lui donner la sécurité qu’il recherche. Et en évitant ces excès, l’auteur met l’accent sur la vie de l’individu, ce qui est justement la question traitée dans tout l’ouvrage.

La conclusion de ce développement est ironique : pour avoir une bonne vie, l’individu est appelé à abandonner justement les sécurités – ici la justice – censées lui garantir cette vie selon la sagesse populaire.

18 Il est bon que tu tiennes à ceci
sans laisser ta main lâcher cela.
Car celui qui craint Dieu
fera aboutir l’une et l’autre chose.

Qo 7:18 Traduction Oecuménique de la Bible

Le v. 18 va dans le sens de la sagesse traditionnelle en faisant découler la réussite de la crainte – à comprendre comme respect – de Dieu. Cependant, l’auteur induit ici un décalage : cette crainte n’implique pas de choisir un élément et de lâcher son opposé, mais bien de tenir les deux à la fois. En fait, la crainte de Dieu ne résout pas la tension, ne donne pas de réponse sur le principe à choisir. Au contraire, elle met l’individu dans une double tension : la tension entre les pôles opposés et la situation du croyant devant Dieu. L’auteur s’écarte ici de la sagesse traditionnelle pour qui la crainte de Dieu est censée résoudre la première tension, la crainte de Dieu impliquant systématiquement de choisir la justice. En clair, aucune tension n’est résolue et l’individu ne peut jamais avoir l’assurance d’avoir choisi la bonne option. Le seul point mis en avant – et qui va dans le sens de la sagesse traditionnelle – est l’appel à craindre Dieu, même si cette crainte ne résout pas la tension. Et dans la tension, c’est bien la vie de l’individu qui importe, et non le fait de choisir obstinément la justice. Cet appel à éviter les excès ouvre la voie à l’injustice – ou plutôt à la transgression – sans que celle-ci n’implique forcément que Dieu rejette ou désapprouve l’individu ; avec la crainte, la transgression peut – sans lien de nécessité – se faire dans la confiance. Ici, « tenir l’un sans lâcher l’autre » est à comprendre dans le sens de ne lâcher ni la justice – même si des transgressions sont possibles, et même inévitables (v. 20) – ni la vie bonne de l’individu. L’auteur réinvestit donc ici le principe de la crainte de Dieu comme source de sagesse (et de la vie bonne), mais l’oriente très différemment en ouvrant la possibilité de l’injustice.

19 La sagesse rend le sage plus fort
que dix gouverneurs présents dans une ville.
20 Car aucun homme n’est assez juste sur terre
pour faire le bien sans pécher.
21 D’ailleurs à tous les propos qu’on profère,
ne prête pas attention :
ainsi, tu n’entendras pas ton serviteur te dénigrer,
22 car bien des fois, tu as eu conscience,
toi aussi, de dénigrer les autres.

Qo 7:19-22 Traduction Oecuménique de la Bible

Alors que ce qui précède semble relativiser l’importance de la sagesse, le v. 19 vient rappeler son pouvoir ; la sagesse ne donne pas de garantie, mais elle reste utile, comme l’illustrent les vv. 20-22. L’auteur opère ici une séparation entre sagesse et justice – alors que la sagesse traditionnelle les identifie –, et c’est bien cette sagesse distincte de la justice qui est utile à l’individu. Un double constat illustre cela :

  • Personne n’est assez juste pour éviter de pécher ; sans être relativisé, le péché cesse ainsi d’être un drame absolu à éviter. Au contraire, le pragmatisme pousse à reconnaître la réalité du péché dans la vie de chacun.
  • Appel à ne pas donner d’attention aux rumeurs afin de ne pas entendre les critiques de son serviteur. D’une part, ne pas donner d’attention évite d’être touché par les critiques et d’autre part, il est arrivé à tout individu de médire.

Ce double constat souligne simplement la réalité de l’injustice dans la vie de chacun et vouloir éviter cela est finalement absurde. Aussi, la sagesse est distinguée de la justice ; la vraie sagesse permet de faire son chemin en recherchant la justice et d’assumer l’injustice. Surtout, la sagesse ne consiste pas à appliquer absolument un principe de justice, mais aussi à savoir quand ne pas l’appliquer, et c’est bien la confiance en Dieu qui permet de ne pas s’enfermer dans une recherche de justice finalement destructrice.

7:23-29. Sagesse rare chez l’homme et absente chez la femme

Ce développement surprend aujourd’hui tend il paraît daté. Une lecture au premier degré suggère une misandrie certaine et une forte misogynie. Toutefois, une analyse plus poussée permet de faire ressortir d’autres enjeux.

Cette section utilise le style narratif puisque l’auteur raconte sa quête de la sagesse, mais le résultat de cette quête relève de l’ironie.

23 J’ai essayé tout cela avec sagesse,
je disais : Je serai un sage.
Mais elle est loin de ma portée.
24 Ce qui est venu à l’existence est lointain
et profond, profond ! Qui le découvrira ?
25 Moi, je m’appliquerai de tout cœur
à connaître, à explorer, à rechercher
la sagesse et la logique,
à connaître aussi que la méchanceté est une sottise,
une sottise affolante.

Qo 7:23-25 Traduction Oecuménique de la Bible

Alors que l’auteur avait pour objectif de devenir sage (v. 23a), il a pris conscience que la sagesse est hors de sa portée (vv. 23b-24). Sa quête est donc vouée à l’échec. Le seul point auquel il est arrivé est que « le mal est folie et l’imbécillité sottise », avec un jeu de mots puisque folie vient de la racine כסל((prononcée « kasal »)) et imbécillité de la racine סכל((prononcée « sakhal »)), soit les mêmes lettres dans un autre ordre.

26 Et je trouve, moi, plus amère que la mort
une femme quand elle est un traquenard,
et son cœur un filet, ses mains des liens :
celui qui plaît à Dieu lui échappera,
mais le pécheur se laissera prendre par elle.
27 Voilà ce que j’ai trouvé, a dit Qohéleth,
en les voyant l’une après l’autre pour trouver une opinion.

Qo 7:26-27 Traduction Oecuménique de la Bible

L’auteur recherche la sagesse chez les hommes et les femmes. Le portait de la femme au v. 26 est peu flatteur, mais la lecture misogyne me paraît aller contre le texte. En effet, l’hébreu utilise le terme אשׁר((asher)) et le grec utilise ἤτις((etis)), deux termes servant à introduire une relative. Dès lors, on ne peut pas traduire « la femme est un piège » – ce qui signifierait toutes les femmes –, mais on doit traduire « la femme qui est un piège » ou « en tant qu’elle est un piège ». Aussi ce n’est pas la femme en que telle qui est « plus amère que la mort », mais bien « quand elle est un piège » qu’elle devient plus amère que la mort. L’auteur ne disqualifie donc pas ici les femmes, mais affirme qu’elles peuvent être – et non qu’elles sont – un piège. Ici encore, il parle de son expérience (v. 27), et la référence à Salomon est utile, ce roi ayant eu un harem important et étant tombé dans l’idolâtrie en se laissant influencer par des femmes étrangères.

Un point à relever est la fin surprenante du v. 26, tant l’auteur semble tomber dans la sagesse traditionnelle en affirmant que celui qui plaît à Dieu évite ce piège et que le pécheur y succombe… D’une part, cette apparence de justice immanente contraste avec l’ensemble de l’ouvrage, d’autre part, mêler Dieu à cela surprend. En effet, c’est précisément le développement de Pr 2:10-22 ou Pr 22:14 où la sagesse est ce qui préserve de la femme séductrice, et Qo va précisément à l’encontre de ce type de sagesse. Des affirmations à relever dans Qo sont que 1) la sagesse est utile, et que 2) comme tout est vanité et ne peut assurer la moindre sécurité, la sagesse consiste à craindre Dieu. Or, celui qui se laisse séduire ne regarde plus à Dieu, mais investit une vanité, l’absolutise. Pour aller dans ce sens, il faut considérer que ce n’est alors pas tant Dieu qui préserve, mais plutôt le croyant qui est dans une disposition lui permettant d’éviter ce piège. Cependant, cette lecture me paraît hasardeuse.

28 J’en suis encore à chercher et n’ai pas trouvé :
Un homme sur mille, je l’ai trouvé,
mais une femme parmi elles toutes,
je ne l’ai pas trouvée.
29 Seulement, vois-tu ce que j’ai trouvé :
Dieu a fait l’homme droit,
mais eux ils ont cherché une foule de complications.

Qo 7:28-29 Traduction Oecuménique de la Bible

Le résultat de cette recherche interpelle le lecteur : l’auteur a bien trouvé un homme (v. 28 : אדם)((adam)) sage sur 1’000 – ce qui paraît déjà très peu –, mais aucune femme. Un détour par Gn 2 me paraît nécessaire : Dieu crée l’homme (אדם) pour cultiver le jardin et la femme pour combler l’homme ; l’amour qui les unit est spontané. Pour que la femme accomplisse sa mission, il est donc nécessaire que l’homme accomplisse la sienne.

Le v. 29 peut être compris : « Dieu a créé l’homme (אדם) juste, et eux ont cherché de nombreux raisonnements. » Dans cette recherche, la spontanéité – et donc l’amour unissant l’homme et la femme – n’est plus possible. Dès lors, les premiers responsables de l’absence de femme sage sont bien les hommes qui raisonnent trop, compliquent tout. Le résultat de cette recherche est à comprendre comme un constat ironique : l’auteur constate cela, mais c’est bien « en cherchant de nombreux raisonnements » qu’il y est arrivé. Aussi, même si sa quête montre les limites de la sagesse, elle contribue néanmoins à la situation compliquée. Il y a bien une conscience de la mission qui permet spontanément la réalisation de l’homme et de la femme, mais au prix d’un détour qui éloigne de cette spontanéité première.

8:1-4. Le sage reste soumis à l’autorité du roi

L’unité de cette section ne relève pas de l’évidence. En effet, il y a d’abord la citation d’un proverbe (v. 1) puis un développement sur la nécessité d’obéir au roi. Au final, le visage paraît secondaire ; que le serviteur ait le visage lumineux ou renfermé, le roi attend avant tout qu’il obéisse.

1 Qui est comme le sage
et sait interpréter cette parole :
« La sagesse d’un homme illumine son visage
et la dureté de son visage en est transformée » ?
2 Moi ! Observe l’ordre du roi,
et, à cause du serment divin,
3 ne te presse pas de t’écarter de lui,
ne t’obstine pas dans un mauvais cas.
car il fera tout ce qui lui plaira,
4 car la parole du roi est souveraine,
et qui lui dira : « Que fais-tu ? »

Qo 8:1-4 Traduction Oecuménique de la Bible

Le principe ici présenté du visage reflétant la personnalité est connu ; il et repris sous une autre forme en Si 13,25. Dans cette section, la question porte sur l’interprétation de ce principe. L’auteur introduit en demandant qui peut interpréter cette parole, comme s’il interpelait un auditoire (v. 1a) et intervient comme s’il était membre de cette foule : « Moi ! » (v. 2a : אני). Un point à relever et que cette intervention est présente dans le texte hébreu, mais absente du texte grec qui enchaine immédiatement avec le développement (également présenté en hébreu). Ce « moi ! » introduit l’interprétation de manière très assumée : c’est à partir de sa position de roi – l’auteur se présentant comme Qohélet et roi fils de David – qu’il affirme cela. Dans son rôle de roi, il n’attend pas d’abord de ses serviteurs qu’ils soient sages, mais qu’ils lui obéissent. Le serviteur qui va contre son roi – et même s’il désobéit par sagesse – risque d’être sanctionné.

L’interprétation ne contredit pas le principe présenté, mais le relativise totalement. En effet, même si un individu rayonne de sagesse, ça ne lui donne aucun pouvoir, aucune autorité. Même s’il est réellement sage, ça ne change rien au fait qu’il soit soumis à l’autorité du roi. Le principe n’est donc pas contredit, mais tourné de manière complètement ironique.

8:5–9:12. La préoccupation de la rétribution

Ce passage poursuit le développement sur la justice, ici à travers la question de la rétribution. Ce passage peut être considéré comme une seule section, vu l’absence de transition. Toutefois, c’est une même ligne argumentative qui déployée et le découpage permet de mettre en évidence certains éléments. La mort est posée en absolu ; l’auteur la souligne tant qu’il la rend indéniable et empêche toute tentative de l’esquiver. Aussi, la seule issue est d’intégrer pleinement la mort dans la condition humaine ; c’est bien avec cette conscience que l’humain doit vivre.

8:5-9. Impossible de connaître l’heure du jugement

5 « Celui qui observe le commandement
ne connaîtra rien de mauvais.
Le temps et le jugement, le cœur du sage les connaît. »

Qo 8:5 Traduction Oecuménique de la Bible

L’affirmation reprise ici va dans le sens de Pr 19:16 et voudrait que le juste soit toujours rétribué – qu’il ne lui arrive rien de fâcheux –, que la sagesse permette de connaître même le temps du jugement. Ce principe implique une identification entre justice et sagesse, mais le point central pour l’auteur est ailleurs : ce principe est simplement faux. Ce n’est pas une question de respecter les commandements ni de sagesse : l’humain est totalement incapable de savoir ce qui arrivera, ce qui est repris en Qo 9:11-12. Et cette incapacité ne relève pas d’un manque de sagesse ; quand bien même l’individu serait réellement sage – ce qui est peu probable (Qo 7:28) –, il ne pourrait pas connaître le temps du jugement. Dès lors, cela la sagesse traditionnelle qui voudrait prévenir et éviter les malheurs et simplement invalidée.

6 Oui, il y a pour chaque chose un temps et un jugement,
mais il y a un grand malheur pour l’homme :
7 il ne sait pas ce qui arrivera,
qui lui indiquera quand cela arrivera ?
8 Personne n’a de pouvoir sur le souffle vital
pour retenir ce souffle ;
personne n’a de pouvoir sur le jour de la mort ;
il n’y a pas de relâche dans le combat,
et la méchanceté ne sauve pas son homme.

Qo 8:6-8 Traduction Oecuménique de la Bible

On retrouve ici des parallèles – en particulier v. 6 // 3,1 et v. 7 // 6,12 – qui soulignent la cohérence de Qo. Malgré l’absence de structure évidente, l’auteur évite les contradictions, reprend des mêmes idées à différents endroits de l’ouvrage. Aussi, on retrouve ici des thématiques développées ailleurs :

  • Tout est vanité car rien ne peut garantir de sécurité à l’humain, pas même la sagesse. Aussi utile qu’elle soit, celle-ci ne change rien à la condition humaine.
  • La temporalité souligne l’ignorance de l’humain : ignorant ce qui adviendra, l’humain ne sait pas comment vivre le présent, quels choix se révèleront être les meilleurs.
  • La maîtrise de l’humain sur le monde est limitée ; il est aussi incapable de maîtriser le vent que de connaître le jour de sa mort. Au v. 8, c’est de vent dont il est question ; lorsque Qo utilise רוח((ruah)) ou πνεῦμα((pneuma)), c’est généralement pour l’expression « poursuite du vent ». Il s’agit donc bien ici de vent et non d’esprit ; ce verset vient illustrer cette expression récurrente.
  • La seule certitude est la mort qui attend chacun et rien ne peut éviter cette issue. La mort est toujours un risque, et il n’y a pas de trêve dans cette lutte. Et tout comme la justice ou la sagesse ne peuvent empêcher cette issue, la méchanceté ne le peut pas non plus.

9 Tout cela, je l’ai vu en portant mon attention
sur tout ce qui se fait sous le soleil,
au temps où l’homme a sur l’homme
le pouvoir de lui faire du mal.

Qo 8:9 Traduction Oecuménique de la Bible

Là encore, l’auteur observe ce qui se passe sous le soleil ; cette mention renforce l’autorité du développement qui précède puisqu’il le présente comme un constat et non comme une interprétation personnelle. Un point à relever est que l’auteur observe ce qui se fait sous le soleil, « au temps où l’humain domine l’humain pour son mal ». Le contexte de violence est donc ici mis en avant ; cela souligne qu’une partie au moins des souffrances ne relèvent pas de la condition humaine en tant que telle, mais bien du traitement que les humains s’infligent entre eux, en particulier le traitement infligé par ceux qui ont le pouvoir à ceux qui ne l’ont pas.

8:10-15. L’absence de rétribution n’empêche pas la joie

Le point central de cette section est la question de la rétribution. De manière ironique, l’auteur dit connaître « lui aussi » l’affirmation que la justice va de pair avec le fait bien vivre, et la méchanceté avec le malheur (vv. 12-13).

10 Ainsi, j’ai vu des méchants mis au tombeau ;
on allait et venait depuis le lieu saint
et on oubliait dans la ville comme ils avaient agi.
Cela aussi est vanité.

Qo 8:10 Traduction Oecuménique de la Bible

La rétribution est toujours présentée toujours dans un plan immanent, l’idée étant que la justice permettrait de vivre longtemps. Or, l’auteur observe que le traitement que reçoit chacun ne découle pas nécessairement de sa justice personnelle (v. 14) et que même post-mortem, la justice n’est pas observée puisqu’on oublie comment les défunts ont agi et que leur sépulture est sans rapport avec la manière dont ils ont vécu (v. 10).

Que ce soit durant la vie ou pour la sépulture, vivre de manière juste ne garantit aucun honneur, aucune sécurité et dans certain cas, c’est même le fait d’agir de manière méchante qui permet d’acquérir honneur et reconnaissance. En décrivant ce qu’il observe sous le soleil, l’auteur affirme clairement que toute action juste n’apporte aucune assurance dans l’immanence ; sa propre expérience lui permet de donner tort à cette idée de la sagesse traditionnelle.

11 Parce que la sentence contre l’œuvre mauvaise
n’est pas vite exécutée,
le cœur des fils d’Adam est rempli de malfaisance.
12 Que le pécheur fasse le mal cent fois,
alors même il prolonge sa vie.
Je sais pourtant, moi aussi,
« qu’il y aura du bonheur pour ceux qui craignent Dieu,
parce qu’ils ont de la crainte devant sa face,
13 mais qu’il n’y aura pas de bonheur pour le méchant
et que, passant comme l’ombre, il ne prolongera pas ses jours,
parce qu’il est sans crainte devant la face de Dieu ».
14 Il est un fait, sur la terre, qui est vanité :
il est des justes qui sont traités selon le fait des méchants,
et des méchants qui sont traités selon le fait des justes.
J’ai déjà dit que cela est aussi vanité,

Qo 8:11-14 Traduction Oecuménique de la Bible

Le v. 11 explique que si cette justice immanente est sans réalité, c’est à cause du délai entre l’action et la sentence (פתגם)((« pitgam »)). Les individus pratiqueraient la justice si l’iniquité était immédiatement sanctionnée, mais dans la mesure où elle ne l’est pas, la méchanceté peut s’avérer profitable. L’auteur ne répond pas à la question de savoir si la sentence arrive après un certain délai ou n’arrive jamais ; le simple fait que la méchanceté puisse être profitable – même dans l’hypothèse où ce n’est que pour un temps – suffit la rendre attrayante. L’absence de sanction immédiate suffit donc à expliquer cet attrait pour la méchanceté.

Ce développement a une conséquence simple : il n’y a pas de lien entre la justice individuelle et le fait de bien vivre. La justice ne garantit aucunement une vie bonne, elle n’assure pas non plus le bonheur. Ce développement ne dit pas que la justice serait mauvaise – Qo la présente toujours comme préférable à la méchanceté –, mais simplement qu’elle ne peut pas garantir à l’humain la sécurité qu’il recherche. Dès lors, elle est aussi vanité.

15 et je fais l’éloge de la joie ;
car il n’y a pour l’homme sous le soleil
rien de bon, sinon de manger, de boire, de se réjouir ;
et cela l’accompagne dans son travail
durant les jours d’existence
que Dieu lui donne sous le soleil.

Qo 8:15 Traduction Oecuménique de la Bible

Malgré l’absence de lien causal entre justice et bonheur, la joie reste possible (v. 15) ; il y a des plaisirs qui sont agréables à l’humain, comme manger, boire et se réjouir. Le point à relever est que ces joies sont sans lien aucun avec la justice. Durant sa vie, l’individu travaille et ce sont ces plaisirs qui l’accompagnent dans son travail, ou pour retourner le lien causal, ce sont ces plaisirs qu’il peut retirer de son travail. Dans cette section, l’auteur appelle donc le lecteur à savoir se réjouir des plaisirs simples – et même immédiats – et de ne pas chercher à assurer son bonheur par sa justice. Toute assurance étant illusoire, le mieux est d’accueillir ces joies aussi simples que concrètes.

8:16-17. Limites de la sagesse

Aussi importante que soit la quête de la sagesse, elle ne peut jamais aboutir pleinement ; cela est au-delà des capacités humaines. La sagesse étant toujours relative, la meilleure chose est de profiter de ce qui est bon dans ces limites, dans ce qui est atteignable.

16 Quand j’eus à cœur de connaître la sagesse
et de voir les occupations auxquelles on s’affaire sur terre,
– même si, le jour et la nuit, l’homme ne voit pas de ses yeux le sommeil –
17 alors j’ai vu toute l’œuvre de Dieu ;
l’homme ne peut découvrir l’œuvre qui se fait sous le soleil,
bien que l’homme travaille à la rechercher, mais sans la découvrir ;
et même si le sage affirme qu’il sait,
il ne peut la découvrir.

Qo 8:16-17 Traduction Oecuménique de la Bible

Je propose cette traduction : « Lorsque j’ai donné à mon cœur de connaître la sagesse et de regarder l’occupation qu’il fait sur terre – car ni le jour ni la nuit il ne voit le repos de ses yeux –, et j’ai regardé toute l’action de Dieu : l’humain n’est pas capable de trouver l’action qu’il a faite sous le soleil ; bien que l’humain s’épuise à la chercher, il ne la trouve pas. Et même si le sage dit savoir, il n’est pas capable de trouver. »

Ce verset semble présenter une réponse à la recherche de sagesse introduite en Qo 1:13 ; après avoir décidé d’observer l’occupation – עניו((« inyan »)) et περισπασμὸν((« perispasmôn »)) – de l’humain sous le soleil, l’auteur présente ici un bilan de sa recherche. Deux points me paraissent à relever :

  • C’est bien l’occupation qui est observée, l’auteur affirmant n’avoir vu de repos ni le jour ni la nuit. Le repos n’a pas sa place sous le soleil où c’est bien le labeur qui est observé. Même si Qo est rythmé par les appels à la joie, la condition humaine est présentée comme difficile, ce qui confirme l’affirmation de 1,13.
  • Malgré tous ses efforts, l’auteur ne peut finalement affirmer que les limites de la sagesse. Il a fait avancer la sagesse plus que quiconque (1,16), mais il reconnaît cependant son incapacité à comprendre l’action de Dieu. Le sens est ici clair : il n’aurait pas trouvé s’il avait cherché davantage car l’humain est intrinsèquement incapable de saisir ce qui le dépasse. Malgré tous ses efforts, il ne peut que reconnaître ses limites : il ne pourra jamais tout savoir et ni tout maîtriser.

La première affirmation est que la condition humaine est difficile et l’humain reste toujours dans l’ignorance, si bien qu’il est incapable de changer cela. Cela explique l’orientation générale de Qo : l’objectif n’est pas que le lecteur fasse les choses mieux ou qu’il s’améliore d’une quelconque manière, mais bien qu’il reconnaisse ses limites et toute l’incertitude de sa condition.

Alors que l’humain tend à chercher des sécurités illusoires – que ce soit par des entreprises matérielles ou morales –, l’auteur l’appelle à jouir de ce qui est concret, déjà là.

9:1-10. La crainte de la rétribution empêche de vivre

Cette section reprend la question de la rétribution de manière décentrée. L’enjeu n’est pas d’affirmer si elle aura bien lieu ou sous quelle forme mais bien de présenter en quoi l’angoisse de la rétribution est finalement néfaste.

1 Oui, tout cela, je l’ai pris à cœur,
et voici tout ce que j’ai éprouvé :
c’est que les justes, les sages et leurs travaux
sont entre les mains de Dieu.
Ni l’amour, ni la haine, l’homme ne les connaît,
tout cela le devance ;
2 tout est pareil pour tous,
un sort identique échoit au juste et au méchant,
au bon et au pur comme à l’impur,
à celui qui sacrifie et à celui qui ne sacrifie pas ;
il en est du bon comme du pécheur,
de celui qui prête serment comme de celui qui craint de le faire.

Qo 9:1-2 Traduction Oecuménique de la Bible

L’auteur insiste ici encore sur les limites humaines : l’humain ne connaît ni l’amour ni la haine (v. 1). Il faut ici comprendre “connaître” dans le sens d’expliquer, connaître l’origine ; l’humain fait l’expérience de l’amour et la haine, et ce n’est qu’à partir de cette expérience qu’il peut tenir un discours. Autrement dit, la connaissance ne peut être que seconde puisque c’est l’expérience qui est première. Cette affirmation des limites humaines souligne la souveraineté de Dieu, puisque tout est dans sa main. Il y a ici une opposition entre l’humain dont la seule possibilité est de tenter de comprendre ses expériences et Dieu qui tient tout, connaît tout. Il y a un saut qualitatif entre l’humain et Dieu, saut que l’humain ne sera jamais capable de faire. Cela revient au développement de la section précédente : l’humain est intrinsèquement incapable de tout comprendre, tout expliquer, et ne peut qu’accepter ses limites.

Aucune certitude n’est possible pour l’humain, sinon la conscience de sa mortalité. Et cette certitude est absolue et aucune revendication de justice, de pureté ou de piété ne peut la supprimer. Quelle que soit la moralité de la personne ou sa pratique religieuse, elle connaîtra ce sort commun à tous : là encore, toute revendication est inutile, toute sécurité ne peut être qu’illusoire. Aussi, le cœur peut être rempli de tout ce que l’auteur critique – mal et folie –, et pourtant, l’individu connaîtra le sort commun qu’est la mort. Aucune vie “bonne” n’échappe à cela, aucune vie “mauvaise” n’y échappe non plus.

3 C’est un mal dans tout ce qui se fait sous le soleil
qu’un sort identique pour tous ;
aussi le cœur des fils d’Adam est-il plein de malice,
la folie est dans leur cœur pendant leur vie,
et après…, on s’en va vers les morts.
4 En effet, qui sera préféré ?
Pour tous les vivants, il y a une chose certaine :
un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort.
5 Car les vivants savent qu’ils mourront ;
mais les morts ne savent rien du tout ;
pour eux, il n’y a plus de rétribution,
puisque leur souvenir est oublié.
6 Leurs amours, leurs haines, leurs jalousies
ont déjà péri ; ils n’auront plus jamais de part
à tout ce qui se fait sous le soleil.

Qo 9:3-6 Traduction Oecuménique de la Bible

Le v. 3 rejoint Qo 2:17, avec ce constat qu’il n’y a pas de justice immanente. La position de l’auteur me semble relever de l’ironie. En effet, cette absence de justice semble questionner le sens même de la vie : pourquoi mener une vie “bonne” s’il n’y a pas de récompense à cela ? Or, cette question me semble davantage être du lecteur et de l’humain en général que de l’auteur qui multiplie les appels à jouir de la vie, comme ici aux vv. 7-10. En présentant ce constat comme une injustice, l’auteur rejoint surtout le réflexe humain pour montrer l’inutilité de ce raisonnement – considérer le sort comme une injustice ne change rien à la condition humaine – et ouvrir ensuite d’autres chemins.

Le développement des vv. 4-6 va dans ce sens ; après avoir présenté la mort comme une injustice, l’auteur affirme que la vie est le plus important, avec le proverbe disant « Un chien vivant est mieux qu’un lion mort ». Ce proverbe me paraît devoir être pris au premier degré, sans ironie : la vie vaut mieux que la mort. Cela ne contredit pas l’affirmation que la fin de toute chose vaut mieux que le début (Qo 7:8), la question n’étant pas la même. Le développement de Qo 7:1-14 souligne que ce qui est effectif vaut mieux que ce qui est potentiel, parce que le potentiel ne se réalisera pas nécessairement. Autrement dit, ce qui est déjà effectif vaut mieux que ce qui serait possible. De même, l’auteur parle ici à partir de sa situation de vivant : malgré toutes les incertitudes, la vie est le plus important. Pour reprendre le proverbe, une vie méprisable comme celle du chien vaut mieux qu’une vie honorable mais terminée, comme pour de lion mort. Cependant, l’auteur continue son développement en soulignant que seuls les vivants réfléchissent en terme de rétribution, littéralement de “salaire” (v. 5 : שׂכר et μισθός)((« sakhar » et « misthos »)), ce qui reprend le même terme qu’en Qo 4:9. Cette remarque renverse toute l’argumentation : le mort ne sait plus rien et ne réfléchit donc pas en terme de rétribution. Alors que le vivant sait qu’il mourra, le mort ne sait plus rien et comme son souvenir est oublié, il ne reste absolument plus rien de lui.

Dès lors, mieux vaut la vie qui – au moins pour un temps – permet d’échapper au néant. Au final, l’injustice que représente la mort n’est donc un problème que pour les vivants puisque les morts ne sont plus concernés ; cela relativise donc le problème. Une question se pose : l’individu tient-il à s’empêcher de vivre pour une question qui ne le concernera absolument plus une fois qu’il sera décédé ? Toute question de rétribution est finalement inutile, et même une vie reconnue comme “bonne” n’empêchera pas que le défunt soit oublié et passe donc dans le néant, une vie “bonne” n’évite pas la mort et n’assure en aucun cas qu’il restera quoi que ce soit du défunt. La mort consiste donc bien en un saut dans le néant, mais néant qui n’est problématique que pour les vivants. De manière radicale, l’auteur affirme que ce qui préoccupe les vivants ne concerne absolument plus les défunts (v. 6).

7 Va, mange avec joie ton pain
et bois de bon cœur ton vin,
car déjà Dieu a agréé tes œuvres.
8 Que tes vêtements soient toujours blancs
et que l’huile ne manque pas sur ta tête !
9 Goûte la vie avec la femme que tu aimes
durant tous les jours de ta vaine existence,
puisque Dieu te donne sous le soleil tous tes jours vains ;
car c’est là ta part dans la vie
et dans le travail que tu fais sous le soleil.
10 Tout ce que ta main se trouve capable de faire,
fais-le par tes propres forces ;
car il n’y a ni œuvre, ni bilan, ni savoir, ni sagesse
dans le séjour des morts où tu t’en iras.

Qo 9:7-10 Traduction Oecuménique de la Bible

Aussi, il ne reste à l’humain que sa vie, son présent. Il peut jouir de ce qui est déjà effectif dans la confiance que Dieu agrée ses œuvres (v. 7). Le texte ne mentionne pas les critères expliquant ce que Dieu agrée ; ici encore, l’individu est laissé dans l’ignorance. Cette affirmation peut alors être comprise comme une invitation à jouir de ce qui est agréable dans la vie, dans la confiance que Dieu agrée. Cela souligne un renversement puisque l’humain n’a pas à rechercher à être agréé – aucun critère n’étant donné –, mais simplement à faire confiance, sans possibilité de maîtrise. L’auteur change l’angoisse de la rétribution par la confiance de la bénédiction, la crainte pour une incertaine « après-vie » future par la jouissance de la vie.

La vanité ne disparaît pas – toutes ces jouissances ont été déclarées vaines dans le livre –, mais elle est présentée positivement. Dès le moment où l’individu ne se préoccupe plus de la rétribution, il peut jouir de toutes ces vanités pour une raison simple : il ne confond pas jouissance et sécurité. Il ne recherche pas une quelconque assurance – qui ne serait d’ailleurs qu’illusoire –, mais jouit de ce que Dieu donne et vit dans la confiance que Dieu l’agrée. En terme théologique, il s’agit ici de vivre dans la confiance du salut donné par Dieu (action divine de la grâce) et non de chercher à obtenir le salut (action humaine des œuvres).

Le v. 10 conclut cela en invitant le lecteur à travailler de ses mains tant qu’il est vivant ; c’est dans cette vie que l’action importe, car elle est sans aucune portée pour ce qui concerne l’après-vie. Toute cette section met l’accent sur la vie de l’individu : comme ce qui préoccupe les vivants ne concerne plus les morts, la meilleure chose que puissent faire les vivants et de jouir de ce qui est agréable dans la vie.

9:11-12. La mort peut survenir n’importe quand

L’auteur décrit encore ce qu’il voit sous le soleil, présentant des réalités qui sont certes connues de tous mais vont pourtant à l’encontre du bon sens.

11 Je vois encore sous le soleil
que la course n’appartient pas aux plus robustes,
ni la bataille aux plus forts,
ni le pain aux plus sages,
ni la richesse aux plus intelligents,
ni la faveur aux plus savants,
car à tous leur arrivent heur et malheur.
12 En effet, l’homme ne connaît pas plus son heure
que les poissons qui se font prendre au filet de malheur,
que les passereaux pris au piège.
Ainsi les fils d’Adam sont surpris par le malheur
quand il tombe sur eux à l’improviste.

Qo 9:11-12 Traduction Oecuménique de la Bible

En clair, rien ne peut préserver l’individu du malheur. Les diverses caractéristiques peuvent bien rendre une issue plus probable, mais jamais la rendre certaine. Aussi, quelles que ce soient les caractéristiques de l’individu, elles ne lui assureront jamais un quelconque succès ; elles peuvent tout au plus le rendre possible, voire plus probable. Cela souligne encore une fois que toute sécurité ne peut être qu’illusoire, jamais absolue. La seule certitude est la mort qui finira inévitablement par survenir pour tout individu, quoi qu’il fasse. Dans la suite de la section précédente, l’auteur réaffirme la certitude qu’est la mort et rend impossible de la nier. Cependant, en intégrant la mort dans la condition humain, il invite à la question de savoir comment vivre. Il détruit la voie du déni, ce qui force le lecteur à rechercher d’autres voies, voies que l’auteur suggère à différents moments.

La démarche de Qo semble toucher ici son sommet en relativisant même la sagesse. Au moment où toutes les sécurités sont dénoncées comme illusoires – que ce soit pour cette vie ou pour une après-vie –, au moment où l’humain est dépouillé de tout cela, il ne reste plus que la confiance en Dieu et la jouissance de ce qui est déjà là. Des plaisirs qui paraissent bien modestes – bien en-deçà des aspirations humaines – mais qui ont le mérite de la réalité. Formulé autrement, toutes les aspirations ne sont pas réalisables, mais il y a du bon dans ce qui est possible.

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Nicolas Merminod

Nicolas est pasteur dans l’Église réformée vaudoise dans la paroisse du Jorat. Membre du Care Team Vaud, il fait du soutien psychologique d’urgence sur mandat de la gendarmerie vaudoise. Dans un  registre plus léger, il profite des largesses du temps (météorologique et temporel) pour aller grimper.

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